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Pourquoi investir dans le travail en classe sur un forum Internet?

1. Réaliser la formation à l’interculturalité dans le contexte d’une classe de langues, c’est donner aux apprenants des possibilités d’entrer dans un espace dans lequel ils accomplissent des tâches en interagissant avec des représentants d’autres cultures à l’aide de la langue qu’ils apprennent, des compétences langagières qu’ils possèdent en d’autres langues, de la conscience interculturelle qui les ouvre à l’interaction et des compétences interculturelles qui la rendent possible. C’est un processus constant au cours duquel les élèves:

  • acquièrent de nouvelles compétences langagières et interculturelles en réalisant des tâches et en interagissant avec d'autres;
  • sont capables d’interagir de mieux en mieux grâce aux nouvelles compétences langagières et interculturelles qu’ils acquièrent.

Plus ces tâches sont variées, plus l’interaction est intéressante, motivante et fructueuse pour les apprenants.

Pour cette pédagogie interculturelle, on peut envisager des supports et des pratiques pédagogiques diverses qu’il est important d’insérer dans des horaires et des curricula (voyages scolaires, échanges, rencontres avec des représentants d’autres langues et cultures, réalisations communes de projets interdisciplinaires, vidéos, chats…).

Le travail collaboratif en classe sur un forum Internet présente cependant des avantages qui devraient encourager les apprenants et les enseignants à tenter une telle expérience.

1.1 Interactivité en cours de langues

L’essentiel de l’apprentissage d’une langue étrangère réside dans des interactions, donc des situations qui, mettant en relation deux ou plusieurs interlocuteurs, demandent l’emploi de la langue. Ces interactions, stimulées dans une classe de langues par l’enseignant, souvent suggérées par le manuel, sont artificielles parce qu’elles concernent les usagers qui pourraient communiquer mieux et plus facilement dans leur langue maternelle commune. Elles sont d’autant plus fausses que les élèves s'expriment dans une langue qui leur est étrangère, qu’ils ne connaissent pas bien, leur propre contexte culturel ayant comme interlocuteur un représentant de la même culture. Même s’il est possible d’acquérir ainsi, à un degré très satisfaisant, des compétences linguistiques, l’acquisition de la compétence interculturelle, uniquement en classe de langues, s’avère impossible.

L’interculturalité nécessite une interaction vraie entre des acteurs sociaux authentiques, c’est-à-dire des acteurs sociaux qui représentent des cultures différentes et ne peuvent communiquer que grâce aux compétences linguistiques communes en une ou plusieurs langues et aux compétences interculturelles.

Il suffit d’évoquer l’exemple de l’enseignement des langues étrangères dans les pays de l’ancien bloc communiste. L’apprentissage se faisait presque uniquement en classes de langues: il n’y avait pratiquement pas de contacts, pas d’échanges avec des locuteurs natifs. Il était impossible de capter une chaîne de télévision ou une station de radio étrangères, il n’y avait pas encore d’Internet. Les contacts avec la langue et la culture étrangères se limitaient le plus souvent aux conversations avec d’autres apprenants et enseignants et à la lecture de manuels et de textes litteraires. L’image que les apprenants se faisaient du pays de la langue cible était souvent idéalisée, nourrie par leur imagination et projection de leurs propres attentes.

Chez des apprenants de l’ancien bloc communiste, il y avait d’un côté une énorme tension vers tout ce qui venait de «l'Occident«, l’ouverture et la volonté de connaître (ce qui constitue un élément principal de la conscience interculturelle), d’un autre côté la tendance à imiter sans se référer à son propre contexte culturel et même très souvent en le rejetant (ce qui constitue un obstacle à l’acquisition de la compétence interculturelle). Et tout cela dans la situation du manque d’interactions vraies avec des acteurs authentiques. Dans ces conditions, l’acquisition de la compétence interculturelle était pratiquement impossible.

La communication basée uniquement sur les compétences langagières, les plus avancées qu’elles soient, n’est pas possible. Une telle communication crée des malentendus, des mal à l’aise des deux côtés et augmente le sentiment d’étrangeté. On ne peut découvrir les autres et acquérir des compétences interculturelles que par l’expérience, par des contacts authentiques et des interactions vraies.

1.2 Trouver des occasions d’interactions vraies

Comment, dans le contexte scolaire, trouver des occasions d’interactions vraies où les apprenants se transforment en vrais acteurs?

Les pratiques interculturelles n’ont pas toujours été favorisées par les contraintes des systèmes éducatifs. Elles se limitaient aux rares échanges scolaires, aux rencontres hasardeuses des locuteurs natifs. Au fil des années, il a de plus en plus fallu tenir compte des contacts extrascolaires des apprenants dont les expériences pluriculturelles en dehors de l’école (voyages, familles pluriculturelles, contacts professionnels des parents et autres) devenaient de plus en plus fréquentes.

L’Internet a permis des contacts faciles, rapides et, en fin de compte, peu coûteux avec des internautes à travers le monde entier.

1.3 Enseigner/apprendre par le biais des tâches

La langue commune devient un outil qui rend possiblel’accomplissement de tâches diverses entre les acteurs sociaux venant de différentes langues et cultures. Elle permet d’entreprendre toutes sortes de projets interdisciplinaires qui se baseront surtout sur l’intérêt commun, sur l’aspect cognitif et ludique de leur réalisation et moins sur l’apprentissage linguistique. Les apprenants, en tant que vrais acteurs sociaux, accomplissent alors des tâches qui ne sont pas seulement langagières. Ils peuvent construire eux-mêmes des jeux, réaliser des sondages d’opinions, présenter leurs avis sur des sujets proposés, faire des projets sur des thèmes intéressants. Le rôle de l’enseignant est donc d’inventer des séries d’occasions où l’apprenant réalise des tâches concrètes, où il entre dans une interaction qui demande et justifie l’emploi de la langue qu’il apprend. L’apprentissage interculturel se fait en interactions variées avec des représentants d’autres cultures et non dans des interactions fictives avec des représentants de la même culture parlant faussement la même langue étrangère.

L’emploi d’Internet permet de concilier les exigences de la classe de langues et les exigences de l’enseignement/apprentissage des compétences interculturelles. La classe de langues adopte en même temps un aspect moins «scolaire», moins artificiel, ce qui stimule l’intérêt et le niveau de satisfaction des apprenants.

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