2.1 Définir culture et Culture
2.2 Conscience culturelle
2.3 Communication interculturelle

2.3 La communication interculturelle et la compétence interculturelle dans l'enseignement des langues

Hymes (1972), lorsqu'il a défini la compétence en communication, a souligné que le caractère approprié de l'énoncé, c'est-à-dire sa signification socioculturelle dans une situation donnée, était insuffisamment pris en compte. Selon Canale et Swain (1980), les éléments constitutifs de la compétence communicative sont la compétence linguistique, la compétence discursive, la compétence stratégique et la compétence sociolinguistique. Van Ek (1986) a ajouté deux autres composantes à la liste ci-dessus : la compétence socioculturelle, ou capacité de fonctionner dans plusieurs cultures, et la compétence sociale, à savoir la familiarisation avec les différences dans les us et coutumes, la confiance en soi, l'empathie et la motivation pour communiquer avec d'autres.

De nombreux enseignants en langues voient la compétence en communication interculturelle comme un prolongement de la compétence communicative. Comme l'a dit Beneke (2000), au sens large, la communication interculturelle implique l'utilisation de codes linguistiques significativement différents et un contact entre des peuples ayant des systèmes de valeurs et des conceptions du monde significativement différents. La compétence interculturelle est dans une grande mesure la capacité à être acteur de sa propre culture en interaction avec d'autres.

Selon le modèle bien développé de Byram (1997), la compétence communicative interculturelle exige certaines attitudes, connaissances et aptitudes en plus de la compétence linguistique, sociolinguistique et discursive. Ces attitudes ont trait à la curiosité et à l'ouverture d'esprit, ainsi qu'à la disposition à voir d'autres cultures, y compris la sienne propre, sans porter de jugement. La connaissance acquise est de deux types : d'une part connaissance de groupes sociaux, de leurs produits et de leurs pratiques, dans son propre pays et dans celui de l'interlocuteur, d'autre part connaissance des processus généraux de l'interaction individuelle et sociale. Enfin, les aptitudes comprennent la capacité d'interpréter et de mettre en relation, de découvrir et d'interagir, ainsi que la conscience critique/l'éducation politique.

Byram et Fleming (1998) affirment qu'une personne possédant une compétence interculturelle a la connaissance d'une ou (de préférence) de plus d'une culture et identités sociales et a la capacité de rechercher et d'établir des relations avec de nouvelles personnes issues de contextes différents sans préparation spécifique préalable. Fantini (2000) décrit cinq aspects à développer pour permettre une bonne communication interculturelle : sensibilisation, attitudes, aptitudes, connaissances et maîtrise de la langue. Il cite en outre les qualités qui sont le plus souvent attribuées au locuteur interculturel : respect, empathie, souplesse, patience, intérêt, curiosité, ouverture, motivation, sens de l'humour, tolérance de l'ambiguïté, volonté d'éviter tout jugement. L'empathie, à ne pas confondre avec la sympathie, est vue comme une attitude qui permet d'appréhender les émotions ou l'état d'esprit d'autrui. Elle dérive de l'amélioration de l'apprentissage cognitif par le biais de l'affectif et exige une compréhension, une démarche active plus qu'une acceptation passive. Cela implique un changement de point de vue qui nécessite tout un travail et un engagement. Il ne s'agit pas d'un sentiment mais d'une capacité à participer à un " mode de vie " (Byram, 1989).

Dans le présent guide, la compétence en communication interculturelle (CCI) sera définie d'une manière générale comme " la capacité à communiquer efficacement dans des situations interculturelles et à établir des relations appropriées dans des contextes culturels divers " (Bennett et Bennett, 2004 ; voir aussi Byram, 1997 ; Byram, Gribkova et Starkey, 2002 ; Corbett, 2003 ; Moran, 2001 ; et Samovar et Porter, 1993, entre autres). Pour les formations à la communication interculturelle qui visent à développer une compétence en communication interculturelle, nous utiliserons de façon interchangeable l'enseignement de la culture par la langue et l'enseignement d'une langue/culture. Ces stages de formation incorporent consciencieusement et systématiquement des éléments relevant de la Culture ainsi que des connaissances de culture générale par le biais de divers exemples d'ordre culturel. Ces exemples, qui ne proviennent pas que de la ou des cultures cibles, privilégient le développement d'aptitudes en matière d'observation, interprétation, comparaison, médiation et découverte ainsi que la formation d'attitudes en vue de renforcer le respect, l'empathie et la tolérance de l'ambiguïté, de susciter l'intérêt, la curiosité et l'ouverture envers des personnes issues d'autres cultures et d'encourager la volonté d'éviter tout jugement.

Vous trouverez sur le CD-Rom dans la partie en anglais l'intégralité du chapitre consacré au contexte théorique, ainsi que les travaux de l'équipe concernant la communication interculturelle dans l'enseignement des langues et dans la formation des enseignants (fichiers PDF).