Le CEF se propose une description complexe de tout le domaine de l'enseignement
et de l'apprentissage des langues, mais la discussion sera réduite
ici aux quatre domaines-clés d'une grande importance dans la problématique
de la qualité:
1. L'Echelle de niveaux communs de référence
Le schéma descriptif et les niveaux communs dans l'échelle
de référence fournissent une gamme de concepts exprimés
en termes de compétence communicative et qui peuvent donc être
appliqués aux langues, assurant un cadre pour l'établissement
des objectifs, la mise en évidence des progrès et la description
des réalisations. L'échelle de référence est
très importante pour la conception du curriculum, car elle permet
aux institutions de définir les objectifs de l'enseignement des
langues dans des termes qui sont à la fois unamimement acceptés
et comparables. Les curricula nationaux qui adoptent l'échelle
comme base pour les standards en vue de la réalisation des buts,
par exemple, peuvent aisément être comparés avec ceux
des autres pays pour ce qui est des standards.
Les descripteurs sont structurés d'une manière cohérente,
comme on peut le voir dans les niveaux des deux extrêmes:
A1 "Peut comprendre et utiliser des expressions familières
et quotidiennes, ainsi que des énoncés très simples
qui visent à satisfaire des besoins concrets. Peut se présenter
ou présenter quelqu'un et poser à une personne des questions
la concernant - par exemple sur son lieu d'habitation, ses relations,
ce qui lui appartient, etc. - et peut répondre au même type
de questions. Peut communiquer de façon simple si l'interlocuteur
parle lentement et distinctement et se montre coopératif."
(CEF: 25)
C2 "Peut comprendre sans effort pratiquement
tout çe qu'il/elle lit ou entend. Peut restituer faits et arguments
de diverses sources écrites et orales en les résumant de
façon cohérente, peut s'exprimer spontanément, très
couramment et de façon précise et peut rendre distinctes
de fines nuances de sens en rapport avec des sujets complexes." (CEF
: 25)
Les concepts sont exprimés comme compétences positives;
ils suivent la même séquence: réception, production,
interaction et, le cas échéant, médiation. Ils peuvent
être appliqués aux domaines spécifiques de l'usage
de la langue - le CEF - même offrant un grand nombre d'échelles
d'exemples et de nouvelles échelles peuvent être conçues
pour répondre aux besoins de l'emploi spécifique de la langue.
Cela signifie que différents types d'enseignement des langues peuvent
être envisagés pour un système de mesurement unanimement
accepté; une qualification en français peut être comparée
à une examination en allemand; la formation dans la langue des
affaires est évalué dans le cadre du même système
conceptuel que la connaissance de la langue standard. C'est comme si,
pour la première fois, l'apprentissage des langues avait un système
de poids et de mesures - un des soucis de la gestion des langues est de
donner aux clients la possibilité de savoir non seulement ce qu'ils
acquièrent, mais aussi en quelle quantité.
2. La définition de l'utilisation de la
langue et de l'utilisateur de la langue
L'introduction du CEF résume la plus grande partie du contenu
de l'ouvrage comme il suit (1):
"Les activités d'apprentissage des
langues sont basées sur les besoins, les motivations, les caractéristiques
des apprenants:
Pourquoi ont-ils besoin de la langue?
Qu'est-ce qu'ils doivent apprendre pour faire ce qu'ils veulent?
Qu'est-ce qui les amène à apprendre?
Quel type de personnes sont-ils?
Quelles connaissances, compétences et expériences possèdent
leurs professeurs?
Quel est leur accès aux ressources?
Combien de temps peuvent-ils y consacrer?"
Une approche de la gestion de la qualité centré sur le
processus exige une approche de la conception du produit qui analyse les
besoins des clients, les fonctions des différentes composantes
employées, les quantités et les moyens de production exigés;
tout cela est lié aux aspects concernant la qualité tant
perçue que réelle.
Le CEF s'occupe en détail des choix offerts à ceux qui
conçoivent les cours de langues, qu'ils soient des professeurs
ou des directeurs; une analyse systématique des options possibles
en tant que réponses à ces questions offrira un guide cohérent
et compréhensible pour les problèmes concernant la conception
du cours et assurera le centrage de celui-ci sur les besoins, les désirs
et les caractéristiques des apprenants. Il peut aussi servir de
liste de repérage pour la conception du cours. La classification
très détaillée des compétences de l'utilisateur
rend possible de prendre en considération et de choisir ce qu'on
doit apprendre.
3. La présentation des options méthodologiques
Dans le sixième chapitre du CEF, il y a une présentation
des options méthodologiques génerales et de leur application
dans des domaines spécifiques de l'enseignement et de l'apprentissage
- par exemple, l'enseignement de la prononciation, le développement
des compétences d'écoute et de lecture, le choix des textes
et des devoirs, le choix des stratégies d'enseignement, l'enseignement
et l'apprentissage de la grammaire. Les options décrites pour le
choix de l'approche génerale posent la question centrale de l'équilibre
entre les données de départ et les résultats; pour
assurer les opportunités d'acquisition et d'utilisation de la langue
et pour examiner d'une manière critique comment l'instruction est
structurée. Le CEF ne propose pas de réponses "correctes",
mais invite les lecteurs à réfléchir aux options
qui leur sont offertes systématiquement.
Cela aussi est significatif pour la gestion de la qualité dans
la conception du cours; premièrement, cela incite à une
analyse raisonnée et complète des décisions méthodologiques
et, par l'énumération des options, aide l'enseignant ou
le concepteur de cours à rendre plus explicites les raisons du
choix d'une approche plutôt que d'une autre. Offrant un ensemble
" public " de catégories, cela facilite une decription
transparente des choix d'une manière plus flexible que l'adoption
d'une "méthode" particulière ou le refuge très
pratique dans une approche éclectique. Le CEF encourage une approche
réfléchie, impliquant à la fois l'apprenant et l'enseignant
dans les processus de réflexion et cette implication est par elle-même
une caractéristique de l'approche de la qualité de l'apprentissage
et de l'enseignement. Un exemple de l'approche réfléchie
dans cette section va illustrer ceci (2):
"(...) on attendra / exigera des apprenants qu'ils développent
leurs capacités à apprendre et leurs aptitudes à
la découverte lorsqu'ils acceptent la responsabilité de
leur propre apprentissage:
a) comme une simple " retombée " de l'enseignement
et de l'apprentissage, sans dispositions ni planifications particulières
b) en transférant progressivement la responsabilité
de l'apprentissage de l'enseignant aux élèves et aux étudiants
et en les encourageant à réfléchir à leur
apprentissage et à partager leur expériences avec d'autres
apprenants
c) en élevant systématiquement le degré
de conscience qu'a l'apprenant du processus d'enseignement/d'apprentissage
dans lequel il est engagé
d) en invitant les apprenants à participer à l'expérimentation
de démarches méthodologiques différentes
e) en obtenant des apprenants qu'ils identifient leur propre
style cognitif et développent leurs propres stratégies
d'apprentissage en conséquence." (CEF : 114)
Les utilisateurs du Cadre de référence sont invités
à observer et à établir les étapes qu'ils
suivent pour promouvoir le développement des élèves/étudiants
comme apprenants et utilisateurs de langues responsables et indépendants.
4. Le Cadre de référence comme ressource
pour l'évaluation
La gestion de la qualité est divisée en activités
complémentaires pour l'assurance de qualité - progrés
réalisés, habituellement dans une institution, pour assurer
la production des services de qualité - et le contrôle de
la qualité - action initiée pour vérifier le degré
atteint par les objectifs de qualité (qui peut être soit
interne, soit externe). C'est pourquoi on a besoin d'une évaluation
de la qualité de la gestiont de l'enseignement des langues, correcte
et valide à tous les niveaux; cela inclut l'évaluation des
performances linguistiques de l'apprenant pour son placement dans un niveau
approprié, pour en surveiller les progrès et pour évaluer
et certifier le niveau atteint à la fin du cours. Il est nécessaire
aussi d'avoir des instruments d'évaluation pour évaluer
l'utilisation et l'efficacité des ressources choisies, pour évaluer
les performance de l'enseignant et de l'équipe, pour vérifier
dans quelle mesure l'institution réalise les buts déclarés.
Le neuvième chapitre du CEF présente une classification
des différentes approches d'évaluation, qui assure une base
conceptuelle pour le choix raisonnable d'une série de procédures
destinées à satisfaire les différents besoins d'une
institution. Les contrastes entre les références relatives
aux normes et aux concepts, entre la réalisation et la capacité,
entre l'évaluation formative et globale sont clairement présentés
et expliqués. On y trouve des conseils sur les étapes à
suivre pour renforcer la validité et la fiabilité des procédures
d'évaluation (3):
- «développer une spécification du contenu
de l'évaluation fondée, par exemple, sur un cadre de référence
commun au contexte en question
- utiliser la négociation ou les jugements collectifs
pour sélectionner le contenu et/ou noter les performances
- adopter les procédures normalisées relatives
à la passation des tests
- fournir des grilles de correction précises pour les
tests indirects et baser l'évaluation des tests directs sur des
critères de correction clairement définis
- exiger des jugements multiples et/ou l'analyse de différents
facteurs (...)
- assurer une formation relative aux barèmes de correction
- vérifier la qualité de l'évaluation (validité,
fiabilité) par l'analyse des résultats ».
(CEF : 143)
Bref, il peut servir de guide pour une approche professionnelle de la
gestion de l'évaluation, qui est une caractéristique essentielle
de la gestion de la qualité.
Conclusion
La gestion de la qualité dans l'enseignement des langues exige
l'application d'un ensemble relativement simple de principes; le besoin
d'établir des standards et des objectifs et de les communiquer
aux personnes impliquées d'une manière claire et transparente;
la réalisation d'une analyse correcte des composantes impliquées
dans l'enseignement des langues et un choix raisonnable des options méthodologiques
appropriées; le développement des approches systématiques
pour voir dans quelle mesure on atteint les buts que l'on s'est fixés
avec des outils d'évaluation adéquats et appropriés.
Autrement dit:
Dites ce que vous faites
Faites ce que vous dites que vous faites
Vérifiez si vous faites réellement ce que vous dites que
vous faites
La description cohérente de l'enseignement et de l'apprentissage
des langues contenue dans le CEF contribue à la réalisation
de ces trois buts - être capable de décrire ce qu'on fait
en termes qui sont communs à une catégorie de spécialistes;
être capable d'analyser systématiquement la tâche,
parce que les catégories pertinentes en ont été décrites;
la mise en place d'une approche cohérente de l'évaluation,
surtout dans la création de l'échelle de référence
et dans la description de ses niveaux.
Bibliographie
- Pour l'historique de l'application des techniques de qualité
dans la gestion, voir: Argyris (1971) Management and Organisational
Development, MrGraw-Hill, New York
- EAQUALS (2000) Guide du Schéma d'inspection, EAQUALS, Trieste
- Conseil de l'Europe (2001): Cadre européen commun de Référence
pour les langues, Les éditions Didier, Paris
|